Nous rencontrons un problème chronique et handicapant dans nos plantations de miscanthus : le compactage du sol.
En effet le sol n’est plus travaillé étant donné que la plantation est pérenne. Cependant on y roule avec des machines imposantes (ensileuses et tracteurs-benne) une fois par an, pour la récolte. Deux facteurs accentuent cet effet de tassement. Premièrement la structure de nos terres est hautement limoneuse. On les appelle des boulbènes. Cette caractéristique les rend particulièrement sensibles au tassement. Il faut les travailler dans de parfaites conditions d’humidité. Or c’est là qu’intervient notre deuxième contrainte. La période de récolte, et donc de passage d’engins, intervient à la mi-mars. A cette période de l’année le sol est quasiment toujours saturé en eau. Cela accentue sa sensibilité au tassement.
Ce tassement a plusieurs conséquences en chaîne. La première est la perméabilisation du sol. Le compactage empêche l’eau de pénétrer puis de circuler dans le sol, et il réduit les espaces libres permettant la présence d’air. La présence d’oxygène dans le sol est indispensable au développement de la vie : microbienne, racinaire, etc… N’oublions pas qu’un sol optimum pour l’enracinement et la nutrition des plantes est composé à 50% de son volume de solide, 25% de liquide, et 25% de gaz!
La deuxième conséquence de ce compactage est donc le peu d’activité biologique dans le sol (bactéries, vers de terre, etc.). Cela empêche la matière organique, pourtant surabondante dans les plantations de miscanthus, d’être « digérée » par le sol, et d’améliorer sa structure, et donc son « pouvoir nutritif » pour les plantes.
Conséquences observables lors de nos profils de sols :
- Une terre compacte
- Peu de microfaune
- Développement superficiel des racines (20-30 premiers cm du sol)
- Pourrissement des résidus végétaux à la surface du sol
- Stagnation de l’eau en surface
C’est ce constat qui nous a poussé à chercher les solutions possibles pour décompacter ce sol pour lui donner le coup de pouce nécessaire au réenclenchement du cercle vertueux de la vie dans le sol : lui permettre de respirer à nouveau, le premier maillon manquant de la chaîne!
Nous avons du écarter la solution des cultures intercalaires améliorant la structure du sol. La présence des rhizomes et surtout la croissance rapide du miscanthus dés le tout début du printemps ne permettrait pas à une autre plante de se développer suffisamment. Les autres contraintes fortes étaient d’une part la présence des rhizomes qu’il fallait éviter d’arracher, ainsi que la présence d’une importante couche végétale au sol qui bourrait très rapidement tout outils classique. Nous avons donc choisi d’essayer un Demeter d’Actisol, possédant des disques ouvreurs devant chaque dent. Les dents sont elles-mêmes placées (on peut choisir très précisément leurs écartement) en quinconce afin de permettre un maximum de dégagement pour la matière végétale sèche au sol.
Les essais de ce jeudi 8 février ont été concluants. En un passage, les rhizomes de miscanthus ne se font pas arracher, et la matière sèche ne bourre pas, quand le miscanthus a été précédemment broyé. Nous prévoyons donc la commande d’un Demeter à 9 dents, écartées de 37 cm dans un premier temps (ajustable), avec disques ouvreurs, et un rouleau simple derrière, qui nous permettra d’assurer le rappui des rhizomes sur la ligne de fissuration si nécessaire. Le décompactage aura lieu juste après la récolte, pour abimer la plantation le moins possible.
A suivre !